Rompre ensemble le cercle vicieux

Diriger une entreprise n’a rien d’évident. Si ce ne fut peut-être jamais le cas, les défis d’aujourd’hui ne sont pas les moindres. Comment viser la croissance face à tant de vents contraires ? La pénurie sur le marché du travail, les crises financières, économiques et géopolitiques, les nombreux points d’interrogation dans les domaines de la durabilité et de l’écologie… Nous devons aborder ensemble les problèmes à la base pour ne pas continuer à tourner en rond. 

J’ai récemment été nommé directeur général de Van Belle, un distributeur de machines à bois. Avant d’en arriver là, je me suis forgé de l’expérience dans les outils de coupe pendant vingt ans. Je suis donc passé des biens de consommation au marché de l’investissement. Pourtant je suis frappé de constater que nous sommes confrontés aux mêmes enjeux. Mon ambition d’améliorer encore notre service m’a ouvert les yeux. Pour offrir un service encore plus rapide et meilleur à nos clients, nous devons nous digitaliser davantage et plus efficacement. Néanmoins, chez nos clients comme parmi nos propres collaborateurs, à l’heure qu’il est nous ne disposons pas de suffisamment de personnel compétent pour pouvoir gérer cette évolution.

D’une part, épinglons un nombre insuffisant de menuisiers formés aptes à travailler avec les machines, et d’autre part, nous n’avons pas assez de mécaniciens capables d’entretenir les machines. Cette pénurie se fait déjà sentir au niveau des formations. Le secteur évolue si rapidement que les écoles ne parviennent pas à suivre. Elles en ont la volonté, mais pas les moyens. Alors oui, j’appelle les autorités à mettre en place une politique destinée à attaquer les problèmes à la base : remédiez à la pénurie d’enseignants, prévoyez un financement suffisant, visez l’innovation. En apprenant à nos jeunes à utiliser le parc de machines actuel et les applications récentes dans le secteur, nous faisons un grand pas en avant.

C’est pourquoi je plaide en faveur d’une collaboration plus étroite entre le monde du travail et les écoles. Endroits de stage, apprentissage sur le lieu de travail, visites d’entreprises et trajets de formation individuels pour les élèves du troisième degré du secondaire sont autant de facettes d’une expérience d’apprentissage précieux. C’est là le début. En notre qualité de chefs d’entreprise, nous devons nous aussi apporter notre pierre à l’édifice si nous voulons rompre le cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons.

Cette formation adéquate ne concerne cependant pas uniquement les étudiants et les jeunes. Au sein des entreprises, il ne faut pas non plus négliger l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie, sur les nouveaux produits, processus et machines, sur la durabilité et sur l’écologie. Les choses à apprendre ne manquent certes pas. La confiance et la responsabilité permettent à vos collaborateurs de se développer dans leur travail. Peu importe que tous les processus doivent un jour être digitalisés et automatisés, il faudra toujours quelqu’un pour les commander ou les entretenir. Investir dans le capital humain c’est investir dans la croissance de votre entreprise. 

Kevin Van Cortenberg
Directeur général de Van Belle